Lors de mon initiation à la philosophie j’ai rencontré
Diogène. Enfin, c’est plutôt Michel Onfray qui me l’a présenté. J’ai aussi aperçu
Antisthène, Metroclès et ses vents, Cratès et sa chère Hipparchia … Des
personnages sublimes, simples, séducteurs de curieux comme moi, enfin
terriblement cyniques.
Car il s’agit bien ici de cynisme, du cynisme ! Ces
philosophes pas considérés comme tels, bien souvent inconsidérés, mal aimés des
universitaires et autres néo-penseurs à la mode. Ils sont pourtant passionnants,
c’est pourquoi au risque de paraphraser Michel Onfray, je vais tirer un
portrait rapide de ces parasites de la pensée unique de l’époque.
On les présente comme sales, vulgaires, impudiques, idiots. Ils
vivent nus ou quasi nus, se refusent tous les artifices de leur époque, dorment dehors et se font appeler "Chiens". Mais ce qui les caractérise plus profondément c’est cette
manière de faire de la philosophie une dérision permanente du marécage social du
moment. Michel Onfray précise dans son essai (Cynisme) « Ne rien
avoir invite à mieux percevoir en quoi consiste l’être ».
Le cynique utilise le concret pour casser les grandes théories
nébuleuses de son époque, il pulvérise les phantasmes intellectuel des plus
grands penseurs qui, ainsi, deviennent étonnement fragiles. On a par exemple en
tête cette discussion entre Platon et Diogène sur l’essence des choses :
Platon affirme que la table n’est pas une table, mais qu’il s’agit de l’idée d’une
table … Diogène lui répond qu’il y voit une table et plus que l’incompréhension
de Platon face à la simplicité supposée du vieux chien cynique, il s’agissait
la d’une confrontation inégale entre la pensée à la mode et une philosophie
clairement minoritaire et marginale.
Les cyniques veulent revenir aux bases de ce qu’était l’Homme.
Un Homme libre comme l’oiseau qui rêve d’espace et d’insouciance. Il faut
casser les addictes du superficiel, brûler les emballages qui nous dénaturent,
vivre simplement.
On a bien compris ce qu’est le cynisme, un détachement des
menottes sociales que l’Homme a créé. Le cynisme contre le « Désanimalisme » ?
Mais au fond, le cynisme n’est-t-il pas ce que l’Homme entreprend chaque jour ? L’Humain
dénaturé est probablement le plus cynique d’entre tous. Il ignore
volontairement ce qu’il est à l’origine, il se met alors en scène et chaque
instant jouer son rôle. Je dirais plutôt que Diogène est un original, dans le
sens premier du terme, face à une société grec cynique.